Interview de Sylvain Terrace

Sylvain Terrace est un jeune homme proposant un projet, encore secret au public, qui concrètement, vise à améliorer le contact des entreprises et personnes entre eux et les modes de transports doux.

Son profil est disponible ici : http://www.viadeo.com/fr/profile/sylvain.terrace

Pourquoi pensez-vous que les modes de transport doux peuvent améliorer la qualité de vie dans les villes ?

Je ne pense pas que les modes de transport doux peuvent, à eux seuls, améliorer la qualité de vie dans les villes. Ce serait plutôt le contraire à mon avis. En effet, pour améliorer la qualité de la vie encore faut-il que tous les citadins s’entendent sur ce qu’est pour eux la qualité : est-ce de pouvoir faire du vélo et marcher dans la ville, sans être gêné par aucune voiture, mais en contrepartie, devoir rivaliser d’ingéniosité pour faire ses courses? Ou bien avoir des véhicules motorisés individuels, des routes assez larges pour avoir une circulation fluide et ainsi se déplacer plus vite, en faisant moins d’effort ?

Les transports doux doivent être un choix que les actions politiques doivent favoriser, et c’est à cette condition qu’ils peuvent améliorer la qualité de vie (et je rajouterai un paragraphe avec des arguments: qualité de l’air, activité sportive bonne pour la santé…)

Selon vous quelle ampleur prendront les modes de tranport doux dans un avenir proche, ou plus lointain ?

Je pense que l’on se dirige vers une société encore plus fracturée qu’elle ne l’est aujourd’hui ou qu’elle ne l’était hier. J’entends par là qu’il me semble très probable, particulièrement dans les villes, que l’on s’oriente vers des riches plus riches et des pauvres plus pauvres. A ce titre les modes de transport doux devraient logiquement se démocratiser…puisque les plus démunis n’auront d’autre moyen de transport que la marche à pieds… C’est ainsi que les tri-porteurs sont, alors qu’ils ne le devraient pas dans le cadre d’une politique environnementaliste, très chers, les vélos également, alors qu’une politique environnementaliste encouragerait à baisser les prix sur ce type de produits… Il faut noter cependant que certaines démarches citoyennes émergent en matière de modes de transport doux, notamment sur Lyon et sa région : le covoiturage, les pédibus, les aides à l’achat des vélos, le télétravail…

Quel mode de transport doux préconisez vous en particulier ? Quel est celui qui a le plus de succès ?

J’essaie de privilégier la marche mais je suis alors tributaire du temps, des distances, et de la température, et de ma fainéantise… Je trouve que Lyon est une ville suffisamment petite pour pouvoir se « faire à pieds ». Mais cela doit aller avec un changement un peu radical des mentalités, surtout en entreprise : moins de présence en entreprise pour permettre les trajets à pieds, des vestiaires pour pouvoir se rafraichir et se changer si on a transpiré (surtout après avoir fait du vélo…), des vélos de fonction comme on fait avec les voitures… Sur Lyon, j’ai l’impression que la plus belle réussite est celle des vélos : les vélovs bien sûr par leur aspect très romantique et bohême, mais pas seulement car il y a les pistes cyclables qui ont permis aux lyonnais de pouvoir utiliser leurs propres vélos et pourquoi pas s’en acheter pour ceux qui n’en ont pas… Avec l’été viendront les rollers à mon avis car la qualité de la voirie lyonnaise va en s’améliorant…

En quoi consiste réellement votre projet ?

Mon projet est en phase de conceptualisation et est assez confidentiel, je ne peux donc répondre à cette question.

Quels sont vos principaux arguments pour inciter à l’utilisation des modes de transports doux ?

Il y en a deux qui sont déjà utilisés :

– l’argument écolo environnementaliste, mais il atteint vite ses limites ; d’abord parce que notre société est encore très individualiste et que donc on préfère son confort immédiat au bien être collectif à long terme (c’est à dire qu’on prend plus facilement sa voiture que son vélo s’il pleut…) ; ensuite parce que le discours est pollué par les entreprises en général et les marketeurs en particuliers qui ont adapté leurs discours (mais pas leurs produits) aux préoccupations écologiques: on peut continuer de consommer tout en se déculpabilisant, parce que nos achats sont soi disant »verts ».

– l’argument économique et financier, c’est-à-dire l’impact (positif car réduisant) sur les coûts. Là encore la limite est vite atteinte car le prix est bien souvent le seul réel critère d’arbitrage : prenez par exemple le train et la voiture avec autoroute pour aller à Paris avec une famille de 5 personnes pour les vacances de printemps (je vous invite à faire une simulation ou simplement demander à vos parents ce qui coûte le moins cher, et du coup la solution qu’ils prendraient…) Il faut donc éduquer, mais c’est long et coûteux (financièrement, psychologiquement…) et l’éducation nationale étant déjà et depuis toujours en crise, c’est à vous d’imaginer et de continuer à réfléchir, parler, et partager sur le sujet…

Un grand merci à Sylvain Terrace de nous avoir donner ces riches réponses et bon courage pour la suite de votre projet.